Interview de Sarah Boy

Interview de la chorégraphe

Sarah Boy, tu es la fondatrice et la chorégraphe de ta compagnie de danse. Depuis quand existe-t-elle ? 

Depuis fin 2011. J’ai créé la Compagnie Sarah Boy à l’issue d’une formation au Centre James Carlès de Toulouse.

Dès décembre 2011, j’ai participé au Tremplin Chorégraphe de la MJC Roguet de Toulouse, et en janvier 2012, une structure associative s’est mise en place pour gérer et accompagner les projets de la Compagnie Sarah Boy.

Quel est ton âge et d’où viens-tu ?

J’ai 27 ans et mon parcours de danseuse est intimement lié à mes origines familiales à Besançon, en Franche-Comté. J’ai eu la chance de naître dans une famille où la danse est omniprésente. Je me souviens d’avoir chorégraphié très jeune pour mes amies.

Ma mère est danseuse ; elle a été ma première enseignante. J’ai beaucoup appris sur le métier de danseuse en la regardant travailler, et comme ce métier présente de multiples facettes sur scène et hors de la scène, j’apprécie toujours ses conseils avisés.

Quel est ton parcours de danseuse ?

J’ai passé le Diplôme d’Etat en danse contemporaine à Aix-en-Provence, puis j’ai rejoins Toulouse pour continuer ma formation.

Pendant trois ans, j’ai beaucoup expérimenté au sein du Groupe de Recherche de James Carlès, en questionnant ma pratique et mon rapport à la danse. A l’issue de cette formation, il était clair pour moi que ma personnalité me portait vers une carrière de chorégraphe et d’enseignante.

J’ai aussi vécu une aventure chorégraphique importante pendant trois ans avec la structure toulousaine Popatex, qui fut aussi une expérience collective sur des projets municipaux d’envergure comme « Toulouse en Piste ».

Aujourd’hui, je me sens bien à ma place dans le rôle de professeure que j’exerce à mon compte ou en tant qu’invitée, tout autant que dans ma personnalité chorégraphique qui s’affirme au fil du temps. Cet équilibre me permet d’envisager sereinement le développement artistique de ma Compagnie.

Quels sont les chorégraphes que tu admires le plus et pourquoi ?

Je vais en retenir deux, très différents mais complémentaires pour moi : Jiri Kylian et Jean-Claude Galotta.
« Petite Mort », qui date de 1981, est ma pièce préférée de Kylian. Ce que j’aime chez lui, ce sont les lignes de l’espace et quand la scène est très occupée, pas besoin d’en faire trop, juste l’émotion de la technique de danse. Il trouve la juste émotion du mouvement à partir de la musique… la musique classique en particulier, que j’apprécie aussi beaucoup.

Quand j’étais en formation, j’avais un profil de technicienne. On m’invitait à ne pas tout faire passer par le mouvement mais de trouver le juste milieu entre cette émotion et la constante recherche en danse contemporaine. Kylian est un maître en la matière.

Avec Galotta, c’est une histoire très intime parce que j’ai vu « Trois générations » à quatorze ans, et que c’est lui qui m’a donné l’envie de devenir chorégraphe.
J’ai trouvé que sa création était accessible à tous. J’ai toujours voulu allier la chorégraphie et l’enseignement. J’ai trouvé en lui un moteur, une source d’inspiration pour mes projets futurs.

Quelles sont tes sources d’inspiration pour tes créations ? De quel univers artistique te rapproches-tu le plus ?

Mes créations partent souvent d’une idée, ou d’un objet, comme par exemple le bandeau masquant le regard, dans « Memori Terhapus », ma première  création. Ensuite, je trouve une musique sur laquelle je vais laisser le temps de la rêverie. Je vais l’écouter pendant plusieurs semaines, et mon écriture sort toute seule. Difficile de dire comment cela me vient, certainement d’une improvisation puisque c’est ce que je fais depuis mon plus jeune âge.

Des personnalités marquantes ont laissé des trace, des sillons, dans mon mouvement dansé : Françoise Jandey pour le travail de la narration et de l’objet, Matt Mattox pour la technique et le rythme de la musique, James Carlès pour la douceur et le maintien des différents axes du corps, et Corinne Lanselle pour le lâcher prise et la réflexion sur le mouvement.

Comment abordes-tu le travail avec ta compagnie ?

Je pars du corps des danseurs. J’ai besoin de les voir pour créer les lignes de l’espace et la rythmique du mouvement. Quand nous nous retrouvons, je n’ai pas tout écrit de A à Z.

On travaille par sections, on ajuste à la musique. Je puise dans les sensations des danseurs pour m’approcher au plus près de mon projet.

As-tu l’occasion d’avoir des sessions de résidence pour la Compagnie Sarah Boy ?

Oui, « Memori Terhapus » est issu d’une résidence à Besançon en 2013, au Petit Théâtre de la Bouloie. Cette pièce évolue encore mais on a pu mettre en place l’essentiel, l’espace scénique et les lumières.

En juillet 2015, nous sommes à nouveau en création dans un théâtre, celui de Pibrac (31), qui est un lieu très original. Cette fois-ci, un artiste vidéaste Timothy Briand a choisi de prendre notre recherche chorégraphique comme objet de son prochain travail. C’est le genre de collaboration artistique, de regards croisés sur une œuvre, que j’aimerais poursuivre dans l’avenir.

Comment envisages-tu l’avenir de la Compagnie Sarah Boy, à court et à moyen terme ?

J’ai une ambition très personnelle, très intime, celle de partager mes recherches, ma réflexion, avec un public que j’espère curieux de mon univers.

La Compagnie Sarah Boy est en développement et même si nous avons déjà eu l’occasion d’être invitée à l’étranger, au Mexique et d’y présenter notre travail, il semble plus juste aujourd’hui d’ancrer et de créer.

Et puis, quand on enseigne avec passion comme je le fais, on est tenue à un lieu fixe, des rendez-vous réguliers avec ses élèves… autant de choses que je vis en parfaite symbiose avec la Compagnie aujourd’hui.

Juin 2015, Toulouse